À la veille de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce samedi 3 mai, le nouveau Classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières (RSF) dresse un constat alarmant pour la Guinée. Le pays chute brutalement de la 78ᵉ à la 103ᵉ place, perdant 25 rangs en l’espace d’un an. Une régression majeure qui fait basculer la Guinée dans la catégorie des États « en difficulté » en matière de liberté d’informer.
Ce déclassement place désormais la Guinée loin derrière plusieurs pays de la sous-région, qui enregistrent, eux, de meilleurs résultats : le Ghana (52ᵉ), le Libéria (54ᵉ), la Sierra Leone (56ᵉ), la Gambie (58ᵉ), la Côte d’Ivoire (64ᵉ) et le Sénégal (74ᵉ). Seul le Mali (109ᵉ) fait pire parmi les voisins directs.
2024 : une année noire pour la presse guinéenne
D’après RSF, l’année 2024 a été marquée par une intensification des atteintes à la liberté de la presse en Guinée. Parmi les faits les plus marquants : la censure récurrente de médias critiques à l’égard du pouvoir, l’enlèvement du journaliste Habib Marouane Camara, dont la disparition reste inexpliquée à ce jour, et le silence imposé à plusieurs professionnels des médias, contraints à l’exil ou réduits au silence sous la menace.
Les autorités de transition, au pouvoir depuis le coup d’État de 2021, sont accusées d’avoir renforcé leur emprise sur le paysage médiatique. La Haute Autorité de la Communication (HAC), censée garantir l’indépendance et le pluralisme des médias, est de plus en plus perçue comme un instrument au service du pouvoir, notamment à travers des décisions restrictives à l’égard de voix dissidentes.
Un recul inquiétant pour la démocratie
Ce net recul intervient à peine deux ans après les avancées notables enregistrées en 2022, qui avaient été saluées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. La dégradation actuelle constitue non seulement un revers pour la liberté de la presse, mais également un signal préoccupant pour l’état général des libertés démocratiques en Guinée.
Alors que la presse devrait jouer un rôle fondamental dans le processus de transition, les entraves croissantes à l’exercice du journalisme risquent d’hypothéquer gravement l’avenir démocratique du pays.
À la lumière de ce classement, la Journée mondiale de la liberté de la presse prend en Guinée une résonance particulière : celle d’un combat à poursuivre, dans un climat de plus en plus hostile.
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