En Guinée, la question de la durée du mandat présidentiel n’est pas seulement une disposition constitutionnelle, elle est devenue au fil du temps un révélateur des tensions entre la volonté démocratique et la quête de pouvoir absolu. Depuis l’indépendance en 1958 jusqu’à la réforme constitutionnelle de 2020, chaque texte fondamental adopté a tenté d’apporter une réponse équilibrée à la gestion du temps présidentiel. La Constitution de 1958, première du genre dans une Guinée tout juste indépendante, fixe le mandat présidentiel à 7 ans, sans limitation du nombre de mandats. À l’époque, cette durée longue s’inscrit dans une logique de centralisation du pouvoir entre les mains d’un chef de l’État perçu comme père fondateur. Cette logique sera maintenue dans la Constitution de 1982, qui réaffirme le septennat illimité. Sauf qu’en 1990, cette tendance va changer avec la vague de démocratisation qui touche l’Afrique. La Guinée adopte ainsi une nouvelle Constitution. Celle-ci réduit la durée du mandat présidentiel à 5 ans, renouvelable une seule fois. Pour la première fois donc, la limitation du nombre de mandats devient une norme constitutionnelle, marquant une rupture.

Mais cette avancée ne sera que de courte durée. En 2001, une révision constitutionnelle ramène le mandat à 7 ans et supprime la limitation, ouvrant ainsi la voie à une présidence à vie sous le président Lansana Conté.

En 2010, un retour à l’équilibre est établi à la suite d’une transition militaire.
La Constitution de 2010, adoptée, revient aux principes démocratiques. Elle fixe de nouveau le mandat à 5 ans, renouvelable une seule fois. Ce texte, salué à l’époque, tente de rétablir un équilibre entre légitimité populaire et limitation du pouvoir. Mais là encore, les principes posés seront rapidement mis à l’épreuve.

Dès 2020, une nouvelle Constitution est adoptée dans un climat de forte contestation. Elle établit un mandat présidentiel de 6 ans, renouvelable une fois. Mais derrière ce changement, beaucoup y ont vu une manœuvre politique permettant de remettre les compteurs à zéro et d’ouvrir la voie à un nouveau cycle de pouvoir pour le président en place.

Le 28 juin dernier, un autre projet de constitution a été remis au Chef de l’État. Rendu public ce lundi 30 juin 2025, la Guinée envisagerait de revenir à un septennat, mais avec la nouveauté d’une limitation des mandats. En attendant que ce projet soit adopté, le pays se dirige vers sa septième constitution depuis son indépendance.

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